Kripps raffole des célébrations chaotiques, suit les pas de son mentor comme sacré champion olympique

Reportage du Comité olympique canadien

C’était de la confusion et du chaos temporaire pour les athlètes de haut niveau, où toute une Nations Unies a foulé sur la piste d’arrivée pour célébrer la nouvelle d’un ex-aequo pour la médaille d’or, reproduisant l’exploit d’un des grands héros de la présente génération d’athlètes.

Lundi, après avoir piloté le Canada vers sa première médaille d’or olympique depuis deux décennies en bobsleigh à deux masculin, Justin Kripps se demandait pourquoi les Allemands célébraient eux aussi, avant de se rendre compte que les deux pays avaient effectivement terminé en égalité pour la médaille d’or à Pyeongchang 2018.

Le freineur Alex Kopacz célèbre avec Justin Kripps à Pyeongchang 2018, le 19 février, 2018.

«C’était merveilleux,» a remarqué Kripps. «Quand nous avons franchi la ligne, j’ai vu l’horloge et j’au vu le numéro un; c’est quelque chose qu’on aperçoit dans une fraction de seconde, alors qu’on passe dans la zone de décélération, mais j’ai éclaté de joie et puis tout le monde est descendu sur la piste nous entourer.»

«Puis j’ai vu les Allemands et ils éclataient de joie eux aussi, et je me suis dit ‘comme c’est beau qu’ils soient si heureux à notre titre,’» s’est souvenu Kripps, suscitant des rires.

«Nous sommes tous de bons amis, et lorsque la foule s’était dispersée un peu, Thorsten (Margis) m’a donné un câlin, et il m’a dit ‘c’était trois centaines de seconde, puis deux, puis c’était l’égalité,’ et j’étais comme bouche bée, ‘égalité?’ … c’est incroyable.»

Kripps et son freineur Alex Kopacz ont fait quatre descentes sur deux jours, finissant avec un chrono cumulatif de trois minutes,16,86 secondes, un temps identique à celui enregistré par le pilote allemand Francesco Friedrich et son freineur Thorsten Margis. Les Lettons Oskars Melbardis et Janis Strenga ont terminé avec un déficit de seulement 0,05 de seconde pour s’accrocher à la médaille de bronze, et deux autres équipages allemands ont complété les cinq premiers au classement, dans une marge de seulement 0,28 de seconde derrière les vainqueurs. Ce fut une compétition incroyable où n’importe laquelle de ces cinq équipes aurait raisonnablement pu rafler la médaille d’or.

Kopacz, pour sa part, était également un peu confus et ce n’était qu’après avoir discuté avec Kripps et les Allemands qu’il a compris ce qui s’était passé.

«J’étais comme ébahi; c’est la meilleure façon d’exprimer ma réaction,» a dit le freineur canadien. «En fait, ce n’était que dans les vestiaires, lorsque nous parlions avec tout le monde, où je me suis rendu compte que c’était un ex-aequo pour l’or.»

«Il n’y a pas de symbole d’égalité» sur l’horloge à côté de la piste, Kripps a rigolé.

Comme c’est généralement le cas dans les sports de glisse, où le chrono cumulatif est ce qui compte, la régularité de la glisse a été capitale pour permettre aux Canadiens de tenir tête à la concurrence. Kripps et Kopacz ont maintenu le deuxième rang à chacune de leurs deux premières descentes, cependant la tête du classement a changé d’une manche à l’autre, à commencer par Melbardis, qui a été supplanté par l’Allemand Nico Walther à la deuxième manche de dimanche.

Dans la foulée d’une troisième manche mouvementée, Walther avait chuté en cinquième place alors que Friedrich avait établi un nouveau record de piste, pour monter en deuxième place au classement général. En dépit de leur régularité, Kripps et Kopacz n’avaient pas glissé suffisamment vite pour accaparer la tête du classement sur cette manche, et pointaient en troisième place, dans une atmosphère des plus concurrentielles.

Lorsque Friedrich et Margis ont inscrit un autre excellent résultat à la quatrième et dernière descente, se démarquant comme vainqueurs probables, Kripps et Kopacz sont montés à bord leur toboggan et ont égalé le résultat des Allemands.

«Francesco a exécuté une descente magistrale, et Thorsten se surpasse à la poussée,» a déclaré Kripps, applaudissant ses rivaux. «J’ai essayé de rester serein et me concentrer sur ma propre descente, et nous avons achevé la meilleure descente que j’aie jamais faite. Nous avons même réussi à aller un couple de centaines de seconde plus vite à la poussée, et nous en avons vraiment eu besoin [pour mettre la main sur la médaille d’or].»

Cette victoire s’est dénouée d’exactement la même façon que celle d’un des idoles de Kripps dans le sport, le légendaire bobeur canadien, Pierre Lueders. Il y a vingt ans, en 1998 à Nagano – d’ailleurs la dernière fois où le Canada a raflé la médaille d’or dans cette discipline – l’épreuve a également débouché sur une égalité pour la médaille d’or, entre Lueders et Dave MacEachern et les Italiens Gunther Huber et Antonio Tartaglia.

Lueders a continué par glisser vers la médaille d’argent à Turin en 2006, avec l’appui d’un des Olympiens participant aux présents Jeux, Lascelles Brown. Ce fut la dernière fois avant aujourd’hui où le Canada a obtenu un podium olympique dans cet évènement. Kripps s’est joint à Lueders en tant que frein de l’équipage de bob à quatre qui s’est classé cinquième à Vancouver 2010. Peu après, Kripps a amorcé sa carrière de pilote sous la tutelle de Lueders.

«C’est incroyable. C’est l’aboutissement de tant de travail dur.»

« (Pierre) a terminé en ex-aequo pour la médaille d’or il y a 20 ans, et il y a huit ans, après qu’il avait pris sa retraite comme athlète, il m’a appris comment piloter un toboggan, et maintenant nous voilà qui répétons l’exploit, en ex-aequo pour une médaille d’or olympique. C’est merveilleux.»

Lueders entraîne l’équipe de Corée du Sud à ces Jeux où elle est nation hôtesse, et Kripps n’a pas vu son ancien mentor, étant donné l’atmosphère de compétition qui est le propre des Jeux.

«Nous nous retrouvons en été, nous nous détendons et discutons, mais durant la saison de compétition, ce n’est que professionnel et je respecte ça.»

Les Canadiens Justin Kripps et Alex Kopacz partagent le sommet du podium olympique de bobsleigh à deux masculin avec l’Allemagne, le 19 février, 2018.

L’héritage a toujours été un aspect important pour le Canada aux Jeux Olympiques. Que ce soit en ski acrobatique, où Jean-Luc Brassard a forgé une place pour le Canada parmi les meilleures nations au monde en bosses, ou la voie que Charles Hamelin et Marianne St-Gelais ont frayée pour la nouvelle génération en patinage de vitesse sur courte piste, le patrimoine dans le sport canadien continue à jour un rôle de premier plan dans le succès d’aujourd’hui.  

Portant un sourire fendu jusqu’aux oreilles et toujours sous le coup de la joie de savoir que lui et Kopacz partagent la médaille d’or olympique avec des «compétiteurs incroyables» qui sont leurs «amis et rivaux depuis des années», Kripps a pris le temps de rendre hommage à Lueders.

«Il m’a appris les éléments de base, plus ou moins tout ce que je sais à propos du bobsleigh. C’est remarquable.»