Christine de Bruin met la main sur la médaille de bronze pour le Canada en monobob, Kaillie Humphries rafle l’or

Reportage de Dan Barnes, du National Post

YANQING — Christine de Bruin et El Diablo ont enfin trouvé un terrain d’entente, et le pacte avec le diable que la pilote de monbob a signé comprend une médaille de bronze olympique.

La native de Stony Plain, Alberta, 32 ans, a donné le nom El Diablo à son embarcation parce que l’expérience a été rien moins qu’infernale quand de Bruin faisait ses premières descentes à bord cet équipement il y a un peu plus d’un an. La pilote chevronnée en bobsleigh à deux a peiné à déterminer la bonne configuration pour bien diriger la nouvelle embarcation. Elle se plaignait que, lors de frapper une paroi, l’embarcation réagissait comme si c’était la fin du monde.

Mais lundi, sous la pression énorme de participer à l’inauguration de cette discipline aux Jeux olympiques, de Bruin a gardé les rênes de sa bête capricieuse pour les deux dernières manches de la compétition olympique et en est sortie avec sa première médaille. L’indomptable Américaine Elana Meyers Taylor pointait en quatrième place au terme de la troisième manche, mais a devancé l’Allemande Laura Nolte et la Canadienne de Bruin pour s’emparer de la médaille d’argent grâce à une dernière descente impeccable. Kaillie Humphries, qui avait récolté la médaille de bronze pour le Canada en bobsleigh à deux aux Jeux de PyeongChang 2018, a empoché l’or pour les États-Unis en Chine, et le podium a été comblé entièrement par des athlètes nord-américaines, exploit très rare dans le sport de bobsleigh.

« Évidemment, c’est un moment très spécial, » a remarqué de Bruin à propos de la médaille. « Cela me comble de joie. Les mots me font défaut à présent; c’est un moment irréel. »

Les chronos de descente enregistrés par de Bruin ont été de 1:05,12, 1:05,02, 1:05,38 et 1:05,51, confirmant la régularité de la glisse de la Canadienne. Sa coéquipière, la Torontoise Cynthia Appiah, a eu plus de mal à trouver la bonne ligne de descente sur cette piste très technique, inscrivant des temps de 1:05,75, 1:05,53 et 1:05,78 et 1:05,98 pour terminer à la huitième place au classement final. Elle s’était soumise à des attentes bien plus ambitieuses, mais l’avenir s’annonce prometteur pour cette pilote émergente qui avait participé aux Jeux de PyeongChang 2018 à titre de freineuse suppléante.

De Bruin a remporté deux épreuves d’affilée en Coupe du monde de monobob cette saison et est arrivée aux Jeux comme une des compétitrices en lice pour une médaille, avec les deux Américaines, Appiah, Nolte et l’Australienne Breeana Walker. Cette discipline a mis toutes les athlètes sur pied d’égalité parce que toutes les embarcations sont standardisées et fabriquées dans le même atelier allemand. La configuration de pilotage et la position du siège peuvent être ajustées quelque peu, mais il y a peu d’avantages à gagner sur le plan de l’équipement, à la différence des embarcations utilisées aux compétitions de bob à deux et de bob à quatre, où depuis longtemps les athlètes allemands disposent d’un équipement supérieur. Le meilleur résultat allemand en monobob a été celui de Nolte, en quatrième place.

« Je tenais vraiment à montrer que je suis une des meilleures pilotes au monde, et je crois que le monobob est la discipline parfaite pour cela parce que nous glissons toutes avec le même équipement, » a remarqué Bruin. « Donc on peut vraiment compter sur le fait que les meilleurs athlètes obtiendront les meilleurs résultats. »

La clé de sa réussite a été le camp de pilotage auquel elle a participé au printemps dernier à Whistler, C.-B. Pendant un mois, après les dernières compétitions de Coupe du monde, de Bruin a cumulé les descentes et l’expérience nécessaires pour bien piloter dans cette nouvelle discipline. Elle a profité également de la perspective valable de Lyndon Rush, entraîneur en pilotage chez Bobsleigh Canada Skeleton, qui a dévalé lui-même la piste dans une embarcation de monobob pour se faire une idée de ses caprices.

« Je n’arrivais pas à la maîtriser, » avait observé de Bruin plus tôt cette saison. « Nous nous sommes rendus à Whistler, avons apporté des modifications pour rendre l’équipement plus apte à être conduit, et cela a marqué un tournant. Lyndon Rush pilotait ces types d’embarcations aussi, donc il savait de quoi il parlait. Cet entraînement expert et l’accumulation de descentes et d’expérience a fait toute la différence. »

Et, par-dessus le marché, une médaille olympique.